Pour Chomsky, la propagande est la réalisation d’un cadre adéquat à une opinion que quelqu’un souhaite imposer, notamment par l’usage de termes qui enferment le lecteur/auditeur dans une certaine réalité.
(Julien Longhi, Maître de conférences en sciences du langage à l’Université de Cergy-Pontoise)
Voici une citation qui interpelle et offre une vision générale des techniques et des outils de la propagande de sorte à changer la réalité dans laquelle croient vivre les masses qu’elle cible. Phil Hine ne nous dit pas autre chose dans "Oven Ready Chaos” lorsqu’il qu’il nous décrit la manière dont la magie fonctionne.
Il y a cependant une différence fondamentale entre propagande et magie car le magicien agit d’abord sur lui-même ; tout au moins celui qui crée son sigil et se met en transe pour implanter le désir que représente celui-ci dans son inconscient. C’est au fond la même opération que pratiquent les propagandistes à ceci près qu’ils diffusent leurs messages à d’autres personnes dont il attendent certains comportements.
Où le mage se fait sa propre propagande
Les magiciens modernes portent en effet sur la magie un regard nouveau ; ils l’ont dépouillée de ses oripeaux abracadabrants en la considérant comme une technique d’influence du psychisme qui produit en eux une attitude propice au déclenchement d’événements opportuns à la réalisation de leur intention. C’est tout au moins une façon – pour moi – de décrire une technique consistant à conditionner le mental de sorte à y implanter un programme en tâche de fond susceptible de le mettre éveil lors de toute circonstance de nature à favoriser la concrétisation d’un désir. N’est-il pas curieux qu’en informatique, il existe ce genre de programmes ou codes logiciels qui facilitent l’exploitation d’un système, et que ceux-ci portent le nom de “daemons”. Des programmes qui s’exécutent d’eux-mêmes en fonction de certains contextes et dont l’utilisateur n’a point à s’occuper et qui sont censés lui faciliter le travail. Dans la “Magie du Chaos”, il s’agit en fait de la même chose ; implanter la représentation de la concrétisation d’une intention. C’est cela un “sigil”. Les mages de la Renaissance n’avaient pas complètement tort en formulant des avertissements solennels en introduction de leurs grimoires car il y a fort à parier que même le magicien de la post-modernité technologique fût en risque de devenir schizophrène (ou pire) en cherchant à réaliser tout et n’importe quoi au prétexte que la magie fonctionne. Car “elle” fonctionne ! (Comme la propagande)
Attention : danger !
Julien Longhi évoque des “termes qui enferment le lecteur/auditeur dans une certaine réalité.” Le magicien du chaos œuvre dans le sens de la création d’une réalité. Pour cela, sa toute première tâche est la formulation de son intention ; il s’agit de décrire – le plus clairement et précisément possible – ce qui doit s’accomplir conformément à cette intention. Pour autant, il aura soin de réfléchir correctement à cette formule pour éviter les tribulations du roi Midas (dont le mythe illustre les effets négatifs d’un désir trop ardent) qui voulut que tout ce qu’il touche se transforme en or. Autrement dit, le challenge est de savoir exactement ce que l’on veut en y mettant suffisamment de réflexion pour éviter une sottise. Puisque les termes par lesquels le magicien verbalise son désir influencent sa perception de la réalité, son succès à obtenir ce qu’il souhaite et exclusivement cela est tributaire de l’exactitude de sa pensée. Ceci suppose une connaissance de soi et une consistance cognitive remarquables.
Conclusion
J’insiste, la magie fonctionne. Mais à l’instar des mécanismes qui rendent la propagande efficace à produire des opinions et des comportements attendus par des manipulateurs, cette formule doit être implantée dans l’inconscient et au mieux oubliée pour augmenter la puissance de l’opération.
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