musique

Deux psychologues, Rona Fried et Leonard Berkowitz (Université de New-York), publient en 1979 une recherche parue dans le "Journal of Applied Social Psychology". Ils y rapportent des données relatives à l'influence de la musique sur la libéralité, autrement dit, la motivation à venir en aide en y étant invité de manière impromptue.

80 personnes - des étudiants - dont la moitié sont des femmes et l'autre moitié des hommes sont répartis en 4 groupes distincts. Il s'agit d'étudier l'influence de l'ambiance sonore. Une durée de 7 minutes d'écoute est retenue par les deux psychologues. 

 

 

  • groupe n°1 : "Songs without Words", Opus 19 n°1 en Mi mineur de Felix Mendelssohn
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  • groupe n°2 : "One o'clock jump" de Duke Ellington
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  • groupe n°3 : "Meditations" de John Coltrane
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  • groupe n°4 : pas de musique (!)

 

Le postulat des psychologues est que la musique de Mendelssohn sera jugée apaisante, celle d'Ellington entraînante, celle de Coltrane agaçante.

On demande ensuite aux sujets comment ils se sentent, ce qu'ils pensent etc... sous forme de questionnaire à renseigner.

NB : au moment de prendre congé, il est fait appel à des volontaires pour aider une étudiante ayant de la difficulté à finaliser un travail qu'elle doit remettre le lendemain

 

Les résultats sont les suivants : 

 type de musiquevolontairesn="oui"n="non"
groupe Mendelssohnapaisante90%182
groupe Ellingtonstimulante60%128
groupe Coltraneagaçante15%317
silencepas de musique60%128

 

Il est manifeste que les personnes ayant été soumises à l'écoute du jazz de John Coltrane ont moins envie de s'engager dans une conduite d'aide !

Mais ces résultats très sommaires sont-ils de nature à inspirer l'envie de poursuivre à plus grande échelle une recherche portant sur un nombre finalement très restreint de sujets ? Chaque groupe compte seulement 20 personnes, 10 hommes et 10 femmes.

Le calcul de la statistique X²=23,31 (très largement supérieur à sa valeur critique pour un degré de liberté ddl=3) renvoie un p=3,47×10⁻⁵ ce qui laisse penser qu'il n'y a pratiquement aucune chance d'obtenir une répartition de ce type sans le facteur 'type de musique'. Autrement dit, les résultats de cette expérience ne doivent rien au "hasard".

CONCLUSION

Cela amène à considérer qu'une musique agaçante suscite réellement moins de bonnes volontés qu'une autre plus apaisante. Alors, oui, nous sommes fondés à soupçonner - de manière plus générale - une telle influence de la musique sur la motivation. Poursuivre cette recherche en mutipliant les expérimentations avec un plus grand nombre de sujets peut ne pas être une perte de temps pour corroborer ces résultats et valider l'hypothèse d'une influence de divers types de musiques sur la motivation.

POUR ALLER PLUS LOIN

Les centres commerciaux ne sont pas en reste pour avoir utilisé la diffusion de certaines bandes sonores en vue de créer une ambiance propice à l'achat, entre deux messages promotionnels (évidemment). D'autres études ont permis de mettre en évidence l'influence de certaines musiques comme les chants de Noël sur le développement de relations sociales bienveillantes. La musicothérapie ou utilisation de la musique dans une démarche de soin montre qu'elle consiste en un moyen d'améliorer l'état psychologique de patients atteints de dépression et qu'elle peut aussi atténuer la douleur. 

PS : quand la musique entretient la colère et le ressentiment :

 

(©crédit : Elie Semoun et Franck Dubosc, "Les petites annonces")