Je n'ai jamais été confronté à l'idée de quitter la France vers un horizon plus clément. Ne vous méprenez pas, je sais que ce pays compte probablement parmi ceux où la liberté est sans doute la plus préservée, à défaut d'être respectée. Cependant, l'expérience que je viens de vivre est une gifle que je n'eusse jamais imaginée au point d'en arriver à m'inspirer de penser à quitter ma Provence rhodanienne, ce pays de cocagne où le soleil est généreux, où souffle le Mistral qui nous arrache les pensées négatives que nous ruminons parfois, où la douceur d'y vivre est une chance que d'aucuns n'ont pas.
La tuile !
L'adversité s'est abattue sur moi mercredi (18/09/2024) alors qu'au volant de ma voiture je conduisais tranquillement pour aller faire des courses. Me voici arrivé en vue du rond point - on dira une hernie ! - d'en bas de chez moi, surchargé de véhicules de gendarmerie, tous gyrophares en action, occupés à contrôler un de ces malchanceux que j'étais sur le point de devenir. Après avoir ralenti et activé mon clignotant pour les dépasser et poursuivre ma route, voici qu'une de ces voitures me prend en chasse, me claxonne ; je comprends qu'on me veut quelque chose. J'obtempère dès qu'il m'est possible de me garer en toute sécurité. Et là, la scène commence.
Papiers du véhicule, constat que mon contrôle technique n'est pas à jour, test salivaire pour détecter des produits stupéfiants et/ou illicites. Cinq minutes s'écoulent ... On me demande d'attendre, encore. Positif au cannabis !
Ce fut bien ma veine, d'avoir consommé du CBD en vente dans les bureaux de tabac, de n'être au final blâmable que de cela. L'interrogatoire a duré une bonne heure, debout dans l'attente d'un verdict qui m'a finalement été délivré : immobilisation de ma voiture, retrait de mon permis de conduite pour une durée minimale de quatre mois, contrôle salivaire n°2 pour contre-expertise par un laboratoire. On me contactera. Retour chez moi pedibus jambus.
Et pourtant, ces deux fonctionnaires ont nécessairement dû se rendre à l'évidence que mon comportement a été normal, correct, et qu'ils avaient affaire à un contrevenant en pleine possession de ses moyens, dont l'état physique et mental ne relevait en rien d'une hypothétique ivresse cannabique. Je me souviens avoir répondu à l'un d'eux, le plus silencieux jusque là, me disant que si un accident me survenait pour lequel je n'eusse pas été en tort, du fait de mon contrôle technique périmé, que le tort me reviendrait : "Super ! Nous sommes bien traités dans ce pays."
Paperasse administrative, paraphes ici et là. On me contactera pour connaître le résultat du prélèvement salivaire n°2. Ce lundi 23 septembre, j'apprends par téléphone que la suspension de mon permis de conduire durera six mois, que je suis sous le coup d'une audition qui doit se tenir en gendarmerie, dont tout ce que j'en sais est qu'elle prendra trois-quarts d'heure à une heure, dixit le fonctionnaire qui prit en main l'interrogatoire lors de mon arrestation.
Colère
Alors oui ! Je suis dévasté, en colère aussi mais plus encore dégoûté ! Faut-il me réjouir que ces fonctionnaires soient restés courtois à mon endroit. Sans doute, mais en regard de ce qu'il se passe dans ce pays, des maltraitances que subissent beaucoup de prévenus qui ne s'illustrent pas nécessairement par une conduite agressive ni insultante à l'égard des forces de l'ordre, je ne me réjouis ni ne sombre dans un minable syndrome de Stockholm, en ce qu'il me paraît normal sinon souhaitable d'avoir eu la chance d'avoir été respecté comme il se doit dans un pays qui se revendique des "Droits de l'Homme". Faut-il qu'en France nous devions être perclus de gratitude au motif d'avoir été respecté ?
J'observe qu'il ne me serait pas arrivé tout cela en Espagne, Allemagne, Malte, Pays-Bas, Luxembourg, Tchéquie, Portugal, Danemark, Italie. La France traîne à nous sortir du carcan pénal qui pèse sur nous autres, fumeurs de cannabis, fût-il titré à moins de 0,3% de THC. Ce pays va mal, très mal !
Je veux pour preuve du malaise qui s'est emparé des citoyens Français dans leur façon de se prononcer aux urnes, pour autant qu'ils s'y rendent. On vote "contre", mais pas en faveur de ceux et celles qui briguent un mandat électif pour nous représenter. On favorise l'extrême-droite lorsqu'il s'agit d'envoyer des députés au Parlement Européen, mais on empêche cette extrême-droite d'avoir les coudées franches pour diriger le pays lors d'élections législatives et présidentielles. Les électeurs, complètement azimutés, ne savent plus comment s'y prendre pour que leurs voix reflètent un choix pertinent, au point qu'un nombre toujours croissant alimente l'abstention. Nos gouvernants, Président, Ministres, notre administration, ont perdu beaucoup de crédibilité, la confiance en l'appareil d'État s'est dangereusement érodée. Le malaise qui s'est emparé des Français semble avoir atteint une profondeur quasi-abyssale, provoqué par des promesses non tenues, une gestion des finances publiques à la petite semaine, reléguée au point de vue qu'en donnent des "cabinets-conseil", du jugement d' "agences de notation" dont les acteurs ne valent guère mieux que ces Français, agents de l'étranger - ennemis de l'intérieur - engagés dans la promotion d'une paix impossible, parce qu'inéquitable, avec la Russie. Notre pays s'enfonce dans une pénombre inquiétante, propice à toutes sortes de débordements, peu conformes à ce que nous sommes en droit d'attendre des valeurs qu'il proclame, mais qu'il ne semble plus à même en capacité de porter haut et de respecter.
Un ex-président de la République, condamné pour plusieurs affaires, un délinquant, continue de gambader dans des librairies et autres salons pour autographier ses bouquins ; quid des "bracelets électroniques" ? Un autre condamné pour des emplois fictifs et détournement de fonds publics s'exile en Russie pour y exercer des responsabilités, non sans l'outrecuidance de faire appel à la Cour Européenne des droits de l'Homme pour tenter d'atténuer le jugement sévère dont il a fait l'objet. Nombre de ministres de la République, faisant l'objet de mise en examen par la Justice, poursuivent l'exercice de leur mandat au mépris de toute éthique. Les prises illégales d'intérêt, détournement de fonds, favoritisme et autres prévarications paraissent ne leur inspirer aucune honte. Dans ma Provence natale, nous avons une expression pour qualifier ce genre de conduite : "Avoir le cul comme la figure."
Amertume
J'ai été abîmé, physiquement et psychologiquement, par ce qui s'est produit en 2020, quand cette pandémie de grippe chinoise a motivé le gouvernement de l'époque à nous enfermer dans nos maisons, relégués à signer des attestations sur l'honneur que nos sorties relevaient de la nécessité d'aller chercher de quoi manger, sinon nous aérer pour aller faire pisser et caguer un chien, nous dégourdir les jambes, tout cela dans un périmètre très calculé. Je me souviens avoir dû enseigner masqué, avoir été interrompu par les cadres enseignants venus interpeller et exclure de mon cours de psychologie certains élèves, au motif que ceux-ci avaient supposément été en contact avec d'autres, tenus pour être malades de cette saleté. Je me souviens avoir obtenu un sauf-conduit de ma direction pour participer à une réunion pluridisciplinaire d'urgence à l'hôpital de M., en avril 2020 ; ce que je voyais au bord de la route, c'était des contrôles de gendarmerie dans un continuum de vide social, de routes désertes, de tables et de chaises de restaurant assemblées et enchaînées, de rares passants au pas alerte et le regard oblique, affairés à la recherche de quelque chose, nourriture, médicament ... Que sais-je ?
Le récit de ce que les parents de mon père et celui-ci m'avaient fait de l'occupation allemande, lorsqu'en novembre 1942 la wehrmacht se déploya en "zone libre", m'est revenu en pleine gueule !
Je suis d'une génération qui n'a pas connu l'occupation allemande. Pourtant, né en 1959, quinze années après la libération, j'ai pu savoir ce qui s'était passé pendant la seconde guerre mondiale. Natif d'une famille de résistants, à sept ans déjà je questionnais parents et grands-parents sur ce qu'ils avaient vécu pendant cette guerre. Mon grand-père avait dû fuir la France occupée pour échapper à la déportation vers la Pologne et rejoindre les combattants de la France Libre en Afrique du nord ; il a reçu pour cela la médaille des "Évadés de France". Ma grand-mère, seule avec ses deux enfants, dut continuer à faire fonctionner un café-tabac dans la ville occupée par l'ennemi, à devoir servir des boissons et des sandwiches à des soldats de la wehrmacht, des pétainistes et des collabos. Elle dut aussi redoubler de prudence pour écouter Radio-Londres ; la gestapo installée à M. faisait des descentes inopinées à D. pour inquiéter les habitants, effectuer des contrôles d'identité, et accessoirement obliger des hommes à baisser pantalons et caleçons pour identifier les juifs en cavale. C'est dans ces circonstances qu'Eva (c'était le prénom de la grand-mère) pris le risque de cacher le docteur M., un juif Polonais échappé d'un de ces ghettos où les nazis parquaient ceux qu'ils destinaient aux camps de la mort.
Si la violence des confinements de 2020 et 2021 est assez peu comparable à ce qui s'est passé durant l'occupation de la France par les militaires du IIIe Reich, ils n'en ont pas moins causé des séquelles psychologiques à beaucoup de Français, surtout aux jeunes et aux personnes âgées dont la santé mentale s'est considérablement dégradée. Ce que j'ai vu, entendu et vécu durant ces 5 mois de privation de liberté, ce sont des gendarmes et des policiers, exécutant sans état d'âme leur besogne de répression ; c'est tout particulièrement cela qui m'a beaucoup angoissé, mais pas cette maladie, plutôt ces discours erratiques purulents d'une haine inspirée de la peur, allant jusqu'à invoquer l'arrestation des personnes refusant l'injection d'un ARNm pour les piquer à leur corps défendant.
C'est cela la France d'aujourd'hui ! Un pays qui s'enfonce dans la conflictualité, où l'autre, d'où qu'il vienne, où qu'il soit, qui ne partage pas vos opinions, devient une menace. Quand de telles prises de position sont jetées à la face de l'autre, c'est l'indice que la société va mal, très mal !
Thomas Porcher lui-même, cet économiste membre de l'association des "Économistes Atterrés", a dérapé sur le plateau des "grandes gueules" (RMC) avec une punchline qui puait le ressentiment : "Je suis d’accord avec le fait qu’il faille rendre la vie beaucoup plus difficile aux non-vaccinés." qui lui a valu, avant de se raviser mais trop tard, une déferlante de menaces de mort, lesquelles ont certainement majoré sa peur des autres.
On ne saura peut-être jamais si monsieur Porcher s'est secrètement réjoui de ce que dans les faits, le "conseil scientifique" organisé par E. Macron a effectivement tout mis en œuvre pour que la vie des personnes qui refusèrent l'injection d'ARNm anti-covid19 soit compliquée en les privant de l'accès au restaurant, au cinéma, assumant de fait de les effacer de la vie sociale, jusqu'à les traiter, plus ou moins indirectement, de "criminelles". Quoiqu'on en pense, tout cela pue la scélératesse et la perfidie !
Quant à cette Anastasia Colosimo, très appréciée des cercles souverainistes et d'extrême-droite, à qui Emmanuel Macron a confié en 2023 le poste de conseillère presse internationale, qui se prétend défenseure des libertés individuelles, ne s'est pas empêchée de cracher un discours de mort à la gueule des gens !
- Noël Mamère, juillet 2021, LCI : "Les non-vaccinés sont des délinquants, des hors-la-loi."
- Emmanuel Macron, janvier 2022 : "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie."
La haine
La haine est un sentiment qui se nourrit de trois des six émotions fondamentales identifiées par Paul Ekman : la peur, le dégoût et la colère. Ces individus en cochent toutes les cases.
Triste constat que celui de personnes haineuses qui lèvent le masque cependant qu'on oblige les autres à en mettre un !
Qu'on ne s'y trompe pas, lorsque la haine contamine le langage de gens copieusement médiatisés, perçus comme appartenant à une élite intellectuelle, volontiers moralistes, quand des personnalités politiques en charge d'un gouvernement se permettent des propos qui schlinguent la malveillance à l'endroit d'un groupe social qu'ils mettent de fait en danger, il n'y a pas loin d'une tyrannie qui glissera vers la l'ostracisme et la ségrégation dont les conséquences effroyables nous sont parfaitement connues.
Il est temps de nous alarmer de la nomination d'un Bruno Retailleau au Ministère de l'Intérieur, dont nous savons la répugnance à l'égard des homosexuels, l'engagement pour l'abolition du mariage pour tous, l'opposition à l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution de la République. Cet ultra-conservateur devrait s'interroger sur la liberté dont jouit encore à ce jour un Nicolas Sarkozy dont les peines prononcées par la Justice sont manifestement inexécutées ! Ses trois priorités : "... rétablir l’ordre, rétablir l’ordre et rétablir l’ordre." On appréciera la fatuité que révèle cette figure de style, piètre, fruste, minable, surgie d'un esprit plutôt superficiel.
Tout cela part très mal on dirait ! On peut au moins comprendre, le plus vite sera le mieux, que faire confiance à cet individu n'a pas lieu d'être, voire extrêmement risqué. À chacun d'apprécier si construire de nouvelles prisons constitue un projet politique, sinon le signe évident d'une vision étriquée des enjeux réels du maintien de l'ordre. Voici qu'un homme soudain élevé dans la charge d'une fonction régalienne use promptement de son prestige pour inspirer la crainte, l'amertume et le dépit, émotions et sentiments qu'il vaudrait mieux éviter de susciter dans une France déjà abîmée par une discorde qu'entretiennent méthodiquement les membres de La France Insoumise.
Pour en finir, ne vous y trompez pas davantage, l'ambiance délétère qui règne dans ce pays infecte les esprits, détériore les rapports sociaux, dégrade ce que les individus ont d'estime d'eux-mêmes, au point que devient réel le danger de voir une ou plusieurs catégories de personnes figurer comme boucs émissaires d'une vindicte elle aussi méthodiquement entretenue. Les Juifs en font derechef les frais, les immigrés et les réfugiés sont déjà sur la liste.
Bientôt les homosexuels ?
Ne vous méprenez ni sur cette droite endurcie, ni sur ses agents d'exécution. La gendarmerie et la police accompliront, le cas échéant, leur besogne, comme elles l'ont accomplie sous Vichy, scrupuleusement, sans état d'âme, ou presque, mais dans un silence terriblement complice d'un pouvoir inique.
Je vous laisse commenter ce réquisitoire.
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