Lorsque Monsieur Édouard Philippe assumait la fonction de premier ministre, il fut décidé un confinement total de la population française dès le 17 mars 2020 jusqu'au 10 mai de la même année, en vue de faire face à la propagation d'un coronavirus venu de Chine. C'est le 3 juillet 2020 qu'il fut remplacé par Jean Castex au motif encore quelque peu obscur, peut-être en ce que ce dernier se donnait comme un haut fonctionnaire plus proche des problématiques inhérentes aux "territoires", de sorte à envisager une gestion de la crise sanitaire moins "verticale", mieux adaptée aux besoins de ceux-ci et répondant à la réalité de cette crise.
Le gouvernement avait cependant et déjà envisagé la mise en oeuvre d'un "pass sanitaire" dès le mois de janvier 2020, ce qui a conduit à son effectivité le 9 juin 2021, probablement dans la perspective des vacances estivales. En date du 27 juin 2021, 31% de la population française pouvait attester d'un schéma vaccinal complet, pour 50% ayant reçu une première "dose". Les Français se sont alors dépêchés de compléter leur "schéma vaccinal" afin de pouvoir être autorisés à se rendre au restaurant, dans les salles de cinéma, au théâtre ..., fréquenter les parcs d'attraction, plus généralement à être tenus pour inoffensifs à transmettre le coronavirus ni davantage à se voir infectés par celui-ci.
Au 31 juillet 2021, 48% de la population française pouvait attester d'un schéma vaccinal complet, cependant que 61% venait de recevoir une première "dose" de vaccin (généralement vendue par les laboratoires Pfizer et Moderna). C'était sans compter la survenue d'un variant de ce virus, nommé "delta", supposément en provenance d'Inde, lequel était tenu pour dangereux puisque ayant entraîné une mortalité dommageable à l'exercice du soin en milieu hospitalier, étant entendu, selon la communication du gouvernement d'alors, que cette nouvelle souche très agressive menaçait la capacité d'accueil des hôpitaux (généralement publics).
La crainte d'un engorgement des services hospitaliers s'est alors emparée d'un gouvernement empressé à diffuser cette ... "peur", à l'attention de toute la population, par le viatique des médias officiels. Ce n'est toutefois que petit à petit la confiance en ces vaccins, notamment ceux constitués selon la technologie génique de l' "ARN messager", s'est émoussée, par le constat que ceux-ci apparaissaient ne pas protéger de la contamination, ni même, un peu plus tardivement, de la transmission du coronavirus.
L'insistance des autorités sanitaires (OMS, DGS ... Santé Publique), relayée par les responsables en charge de gouverner le pays (je parle ici de la France), s'est traduite par une réflexion ayant conduit à la préconisation d'une troisième dose de vaccin, au motif que celle-ci allait "booster" les défenses immunitaires des personnes déjà titulaires d'un schéma vaccinal complet. Au moment où j'écris ces lignes, une quatrième dose est envisagée, ainsi qu'il en est en Israël, nation convertie à la croyance en l'efficacité des vaccins produits par la firme Pfitzer.
Dissonance cognitive
Bien que la peur de se voir en risque de mortalité suite à l'aggravation des effets délétères de la maladie causée par le "virus chinois" ait conduit beaucoup de Français à recourir à la vaccination, force est de constater que le recours au vaccin a été stimulé par la mise en oeuvre d'un "pass sanitaire".
La plupart de nos compatriotes n'imaginaient pas le moins du monde se voir privés de l'aspiration tout à la fois hédoniste et légitime de partager un moment de convivialité, réunis autour d'une bonne table, ni se voir exclus de l'accès à une salle de cinéma, de théâtre voire du moindre des bars musicaux ou autres cabarets, en temps d'une vacance offrant le loisir de se divertir ou se cultiver.
C'est donc, et dans un tout premier temps, que la mise en "dissonance" a fonctionné. D'un côté, une méfiance à l'égard d'une politique vaccinale et d'un vaccin potentiellement dangereux car tenu - par beaucoup pour tel car probablement encore expérimental - mis expéditivement sur le marché, au grand dam de la vérification de sa parfaite innocuité, et de l'autre, une aspiration à se sentir libre de vivre des vacances comme il en est ou en fut auparavant. Soit, deux cognitions contradictoires :
- prendre le risque d'une vaccination peu désirable
- passer des vacances sans restau, cinoche, théâtre ...
Recourir à un vaccin aux conséquences tenues pour hasardeuses a dû constituer un coût psychologique pour ceux et celles ayant pris la décision de se faire vacciner, cependant que l'intérêt du point de vue sanitaire n'était pas perçu comme une garantie, voire un risque.
Ici, ce n'est pas la peur d'être gravement atteint dans son corps qui a été interpellée, mais davantage celle de ne pouvoir se conduire librement durant une période estivale propice au loisir, à la détente, au partage, à la convivialité, à une forme d'insouciance que l'on prise en ces mois d'été propices à l'évasion des contraintes d'un quotidien laborieux.
Il se devine qu'un changement de représentation a pu s'opérer dans la manière dont ce groupe de nouveaux vaccinés considère désormais l'avantage de l'avoir été. Notre cerveau n'aime pas beaucoup les dissonances cognitives et leur préfère le sentiment de consistance et de cohérence. C'est ainsi que parmi ces personnes ayant recouru au vaccin à l'orée des vacances, on trouve désormais une proportion remarquable de gens estimant que le vaccin anti-covid protège, désormais tenu par eux comme une nécessité, jusqu'à considérer les non-vaccinés comme irresponsables voire criminels.
La mise en dissonance assortie d'une pression à la vaccination a fait son travail de retournement du cerveau. Il est toutefois resté, parmi ces "vaccinés" du printemps tardif, une tentative de restauration de l'estime de soi en ce que certains se sont associés aux manifestations contre le "pass sanitaire", soit, des personnes plus résistantes à la mise en dissonance, résolument plus attentives à la question de la liberté individuelle, autrement dit, d'une cognition qu'un lavage de cerveau n'aura su éradiquer.
Conformisme
Les recherches du psychosociologue Solomon Ash ont montré que dans un groupe apparemment consensuel, 37% des personnes confrontées à un point de vue différent du leur venaient à changer publiquement leur positionnement par souci d'éviter la confrontation.
Pourquoi invoquer les recherches de S. Ash ? Parce que précisément, l'intérêt et la nécessité d'un vaccin - notamment à base d'ARN - ont été donnés pour des évidences objectives par un collège de médecins chargé de conseiller "scientifiquement" un gouvernement pour garantir la crédibilité de celui-ci et en valider la politique sanitaire.
Il est donc possible que le processus d'influence sociale engagé par le gouvernement ait suscité ce type de réaction conformiste. Il est envisageable que le discours de certaines personnes nouvellement vaccinées ait changé seulement en apparence, en ce que d'aucunes n'ont plus assumé d'évoquer publiquement leurs doutes, peut-être même leurs craintes d'effets secondaires à moyen ou long terme parmi un (des) groupe(s) de vaccinés convaincu(s) du bien-fondé de leur démarche, de leur conversion idéologique en matière de vaccination anti-covid.
Cela implique que parmi les personnes ayant reçu ce vaccin, il en est dont la tranquillité d'esprit demeure précaire. Certainement aussi est-on fondé à penser que beaucoup de celles-ci (pour éviter de dire la totalité) refusent d'aborder le sujet par crainte d'être désavouées voire déconsidérées.
Conformisme et conformité
Les recherches engagées par Shalom Schwarz portant sur les valeurs sociétales les plus reconnues ont abouti à une liste de 10 valeurs "centrales" données par les milliers de personnes interrogées comme primordiales (European Social Survey - 1992). On parle de "valeurs universelles" ou "valeurs de base" dont la raison d'être vise la stabilité de la société et la motivation à y participer.
- bienveillance
- universalisme
- autonomie
- sécurité
- conformité
- hédonisme
- réussite
- tradition
- stimulation
- pouvoir
Il est remarquable que la 5ème dans l'ordre des dix soit la "conformité" (celle-ci étant très affine de la "tradition"). La lecture que l'on peut avoir de cette mise en exergue de la conformité revient à consolider le constat effectué par S. Ash quant aux réactions observées par lui chez des sujets potentiellement dissidents mais qui choisissent de tenir un discours socialement (et idéologiquement) désirable et acceptable par les tenants d'un consensus dont ils ne partagent pourtant pas le contenu.
Non moins remarquable, le lien (contiguité sur le schéma ci-dessous) entre la conformité et la "sécurité", lien suffisamment évident en ce qu'être conforme permet de se sentir en sécurité parmi un groupe adhérent majoritairement à une opinion que l'on ne partage pas en taisant sa différence et ainsi éviter la confrontation, jusqu'à acquiescer publiquement de concert avec la majorité.
Autonomie VS sécurité
Quant à l' "autonomie", pourtant haute dans l'ordre des valeurs, ce modèle théorique néanmoins validé par S. Schwartz la place en opposition avec la sécurité, ce qui amène à réfléchir sur la conflictualité de ces valeurs lorsqu'elles sont simultanément tenues pour hautement primordiales par quiconque. Il est envisageable que puisse se produire un conflit psychique car vouloir tout à la fois être libre et en sécurité relève d'un paradoxe que la conformité (et le conformisme ?) peut, pour un temps à tout le moins, résoudre en vue de conserver un statut de membre désirable, acceptable et accepté par un groupe potentiellement hostile à une (trop ?) forte aspiration à la liberté pour cause d'une aspiration plus forte à la sécurité.
Il est devenu banal en Occident que des gouvernements auto-proclamés "démocratiques" aient depuis longtemps habitué à contraindre les populations pour leur sécurité, autant dire pour leur plus grand bien, se targuant d' "universalisme" pour justifier nombre d'atteintes aux libertés pourtant garanties par leurs constitutions.
Se comporter en conformité revient à rechercher la satisfaction du besoin d'appartenance au groupe, et ce en toute sécurité, l'une et l'autre constituant - pour rappel - deux besoins fondamentaux de la personne humaine pour Abraham Maslow (1943) et Manfred Max-Neef (1991).
Demeurer discret à l'endroit d'un consensus que l'on ne partage pas est le moyen de s'assurer la bienveillance d'un groupe très majoritairement acquis à une idéologie devenue dominante du fait de l'action politique d'une hiérarchie censée représenter les citoyens d'une société donnée.
"Novlang" et influence sociale
“… pour Chomsky, la propagande est la réalisation d’un cadre adéquat à une opinion que quelqu’un souhaite imposer, notamment par l’usage de termes qui enferment le lecteur/auditeur dans une certaine réalité."
(Julien Longhi, Maître de conférences en sciences du langage à l’Université de Cergy-Pontoise)
Certaines façons d'utiliser le langage, pour ne pas dire le tordre, sont devenues tristement banales quoique redoutablement efficaces pour enfermer les gens dans des réalités alternatives à la logique et/ou la rationalité qu'une gouvernance entend plier à ses désirs secrètement dictatoriaux.
Il en a été ainsi durant la crise sanitaire du covid-19. Ayant préparé l'opinion à la survenue d'une catastrophe tout à la fois sanitaire et économique, par une stratégie du choc basée sur la peur, nous avons soudain entendu une redondance du mot "drastique", lequel s'est vu appliqué à toutes sortes de situations hors cadre de la question sanitaire, détrônant celui de "draconien" jusqu'alors usité à bon escient et à propos.
Ce qui a peut-être été le plus remarquable, c'est l'usage des mots "éligible", "éligibilité", "ouverture à la vaccination". Il s'est donc agi d'amener une population déjà inquiète de la mortalité due au covid-19 abondamment relayée par les médias de tous bords, à se sentir privilégiée de pouvoir enfin recourir à la très attendue panacée. En effet, lorsqu'en février 2020 il paraissait évident que la découverte d'un vaccin ne devait être envisagée que dans un long terme - on parlait de cinq à dix ans - un immense soulagement a dû être ressenti par le plus grand nombre quand les firmes Astra-Zeneca, Pfizer et Moderna ont annoncé en seulement quelques semaines la disponibilité de leurs vaccins.
Le délai entre la catastrophe et le salut venait soudain d'être raccourci.
Ce n'était pas pour autant que toute la population s'est ruée dans des centres de vaccination, dans un premier temps au motif que ceux-ci étaient en nombre peu suffisant pour satisfaire toutes les demandes. C'est progressivement que les autorités sanitaires ont pu répondre à un besoin de sécurité exprimé par une partie de la population et que furent organisés des "rendez-vous" auprès de places improvisées délivrant la potion magique par et sous le regard expérimenté et compétent de professionnels agréés par un conseil scientifique vassalisé par le gouvernement ; l'inverse pouvant s'entendre, à savoir, un gouvernement sous contrôle d'un conseil scientifique noyauté par l'ordre des médecins.
Obtenir un "rendez-vous" devint alors un "sésame" ouvrant les portes de la tranquillité, d'un confort psychologique toutefois altéré par des informations inquiétantes relatives à des effets secondaires parmi lesquels une mortalité post-vaccinale, très promptement qualifiées de "fake-news" imputables à un barnum complotiste qu'il fallait dénoncer et réprimer, sur quoi les médias officiels n'ont pas manqué d'insister.
Ainsi, le sentiment d'appartenir à la communauté des "élus" en tant que vacciné commençait à se propager. C'était sans compter la résistance d'une autre partie de la population, encore dubitative, inquiète d'avoir plus de chance de souffrir des conséquences du vaccin que de gagner des millions d'euros en grattant des cartons ou en cochant des numéros de loto.
De l'usage dangereux des mots "citoyen" et "citoyenneté"
C'est alors que sont survenus le "pass sanitaire" puis l'idée d'une obligation vaccinale. La novlangue a pernicieusement poursuivi son travail de corruption du langage pour faire des mots "citoyen" et "responsable" deux synonymes quand jusqu'alors on pouvait être un citoyen responsable, ou pas, soit, irresponsable. Dans un univers socio-économique où même des banques et des compagnies d'assurances entendent se définir comme citoyennes et responsables, il n'y avait plus qu'un tout petit pas à franchir pour dépouiller une personne non-vaccinée de sa citoyenneté.
Le pire aura été qu'un président d'une république dévoyée ira même jusqu'à l'envisager publiquement !
Conclusion
Ce sont donc des manipulations, des faux-semblants puis des injonctions qui auront balisé la mise en œuvre d'une politique sanitaire par ailleurs constellée d'incohérences, notamment dans le discours. Reste à souhaiter que l'aventure à laquelle quasiment toutes les démocraties occidentales ont forcé de manière plus ou moins contraignante leurs populations à recevoir dans leur chair un jus concocté à la va-vite n'aura pas de suites funestes, tant du point de vue sanitaire que social.
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