Se "lâcher" augmente-t-il réellement la satisfaction ?

Classé dans : Psychologie, Société - Mots clés : aucun


Deux psychosociologues facétieux convainquent des jeunes étudiantes à réciter des mots salaces en public.

L'idée de base tient dans le postulat que les conduites coûteuses, tant au plan physique que psychologique, peuvent avoir pour effet de provoquer une dissonance cognitive (conflit psychique ?). C'est ainsi que fonctionnent nombre de rituels initiatiques, de pénibilité variable, auquel se soumet volontairement un individu dans le but - socialement validé - d'intégrer un groupe et/ou un nouveau statut.

Aronson et Mills (1959) proposent à des étudiantes de participer à un groupe de discussion ayant pour thème les relations sexuelles. Nous sommes au États-Unis, un pays plutôt puritains, il est probablement nécessaire de prendre cette donnée en compte. Il est précisé aux volontaires qu'elles devront passer un test d'aptitude avant de pouvoir rejoindre le groupe de discussion (initiation).

Les étudiantes sont alors réparties en 3 groupes :

  • un groupe où, dans le cadre de cette "initiation", les candidates doivent préalablement lire à haute voix des extraits de littérature érotique et aussi prononcer des mots obscènes confinant à la vulgarité,
  • un deuxième où les candidates n'auront qu'à s'acquitter de quelques mots grossiers, sans plus,
  • un troisième qui ne subit aucune initiation, ce que les autres candidates ne savent évidemment pas

Vient ensuite le moment où toutes sont invitées :

  1. à écouter une discussion entre les membres du groupe qu'elles vont rejoindre. NB : les propos tenus par ce (soi-disant) groupe abordent le comportement des insectes et autres bestioles ; il ne s'agit évidemment pas de sexe entre humains, ni même vraiment de sexe !
  2. à renseigner un questionnaire permettant d'évaluer l'intérêt de ce qu'elles ont entendu, leur envie de participer et rencontrer les membres de ce groupe, en fait, fictif.

L'exploitation des données du questionnaire montrent que les filles qui ont dû lire des extraits de bouquins érotiques et déclamer publiquement des mots vulgaires se montrent satisfaites d'avoir participé à la discussion qu'elles ont même trouvé intéressante, ce que ne montrent pas les données recueillies auprès des autres.

Les résultats de cette manipulation permettent d'inférer que :

  • la dissonance entre l'effort fourni pour écouter une discussion ennuyeuse et même presque hors sujet conduit les étudiantes à y trouver un intérêt, jusqu'à porter un jugement positif sur les participants au groupe (fictif) qu'elles sont censées rejoindre
  • les candidates n'ayant reçu aucune initiation sont nettement moins enthousiasmées (!)

CONCLUSION

Toutes étaient bien entendues volontaires dès le départ. La question de l'engagement se pose ici ; il est donc très probable que celles qui n'ont pas été soumises à la verbalisation d'obscénités se soient dites qu'on s'était un peu payé leur tête. Cette réaction constitue aussi une réduction de dissonance.

Quant à celles qui ont dû débiter des insanités, en public (!), il y a de forte chances qu'elles aient défendu leur consistance pour se justifier à elles-mêmes d'avoir transgressé le parler "propre", en percevant un intérêt à une discussion banale et hors-sujet.

lien : Théorie de l'engagement (ou petit traité de manipulation)



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